Amakuru

Musanze : Les adolescentes enceintes remercient l’organisation Muhisimbi Voice of Youth in Conservation

Par NGABOYABAHIZI PROTAIS

Des adolescentes tombées enceintes de manière non planifiée affirment que sans l’existence de l’organisation Muhisimbi Voice of Youth in Conservation, elles auraient sombré dans le désespoir, certaines allant jusqu’à envisager des comportements déviants pouvant les conduire à la mort.

Muhisimbi est une organisation fondée par Emmanuel Harerimana, originaire du secteur de Kinigi, dans le district de Musanze. Il a été motivé par le constat des difficultés rencontrées par certaines jeunes filles enceintes, abandonnées par leur entourage, et souvent poussées vers la drogue ou d’autres dangers sociaux.

Pour atteindre son objectif d’aider ces jeunes filles, Emmanuel Harerimana a créé une école de couture qui a déjà formé plus de 300 adolescentes. L’école leur offre une formation d’un an, avec deux promotions déjà diplômées, leur permettant de trouver un emploi ou de créer leur propre activité.

Ces adolescentes témoignent qu’apprendre la couture a radicalement changé leur vie. Beaucoup disent qu’elles pensaient que leur vie était terminée, rejetées par leurs familles et exclues de la société.

L’une d’elles témoigne :

« Je suis tombée enceinte à 17 ans alors que j’étais en deuxième année du secondaire. Mes parents m’ont chassée, et l’homme qui m’avait mise enceinte, un maçon, a fui à Rusizi. J’ai dormi dehors pendant un moment, puis j’ai commencé à faire des petits boulots pour louer une chambre ».

 

La vie était très dure. Elle poursuit :« Ensuite, j’ai appris que Muhisimbi accueillait les filles enceintes. Ils m’ont acceptée, j’ai appris la couture, et aujourd’hui je maîtrise ce métier. Ils m’ont offert un logement, de la nourriture, et même payé les soins de mon enfant. C’est grâce à eux que je suis encore debout. »

Une autre jeune fille, surnommée Alice pour des raisons desécurité, raconte :« Ma vie est comme un livre. J’étais en sixième primaire lorsqu’un homme a commencé à venir à l’école. Il m’a séduite, prétendant m’aimer, puis m’a mise enceinte. Quand je lui ai annoncé, il m’a proposé d’avorter. J’ai refusé. Il a alors disparu, m’a cachée chez ses parents. Étant orpheline, mes tuteurs m’ont chassée.»

Ellecontinue :« J’ai cherché sa famille et je m’y suis réfugiée, mais eux aussi m’ont rejetée. J’ai fini par faire de petits travaux. Le tribunal a ordonné au père de mon enfant de reconnaître l’enfant et de subvenir à ses besoins, mais il ne l’a pas fait. Heureusement, j’ai été accueillie par Muhisimbi, qui m’a fourni un logement, de la nourriture, et m’a formée à la couture. J’ai retrouvé espoir en l’avenir. »

Mukeshimana Jacqueline, une ancienne élève de l’école, aujourd’hui employée, témoigne aussi :

« J’ai été enceinte à 16 ans. Orpheline, j’ai été accueillie par une âme charitable après mon accouchement, mais elle m’a chassée ensuite. Le père de mon enfant m’a rejetée aussi. J’ai dû travailler avec mon bébé au dos. »

Elle ajoute :« J’ai eu la chance d’être accueillie ici. Grâce à la nourriture qu’ils nous donnent, mon enfant, qui souffrait de malnutrition, a guéri. J’ai terminé ma formation avec succès, j’ai été embauchée et j’ai pu construire ma propre maison. »

Emmanuel Harerimana, fondateur de Muhisimbi Voice of Youth in Conservation, explique que l’organisation a pour mission de protéger l’environnement et les êtres vivants, en commençant par les adolescentes enceintes vulnérables.

Il dit :« Notre premier objectif est de soigner les blessures psychologiques causées par l’abandon, que ce soit par les auteurs des grossesses ou par les familles. Nous aidons à prendre soin d’elles et de leurs enfants. Beaucoup de bébés arrivent ici en état de malnutrition. Nous les nourrissons avec du lait, des œufs, des légumes, et ils guérissent. »

Emmanuel Harerimana, fondateur de Muhisimbi Voice of Youth in Conservation( Photo internet).

Il ajoute :« Le plus important, c’est de leur transmettre des compétences en couture pour qu’elles puissent être autonomes. Celles qui terminent leur formation reçoivent une machine à coudre, se regroupent en coopératives et nous les aidons à trouver des marchés pour leurs produits. »

À ce jour, plus de 300 jeunes filles enceintes ont été formées dans cette école.