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Nyabihu : Cela fait 20 ans que d’anciens enseignants réclament leurs arriérés de salaire

Certains anciens enseignants et directeurs d’écoles du District de Nyabihu affirment qu’ils réclament depuis plus de vingt ans des arriérés de salaire qu’ils n’ont jamais perçus. Il s’agit de rémunérations datant d’avant 2005, année pendant laquelle ils ont travaillé sans être payés.

Aujourd’hui, ils dénoncent l’indifférence persistante des autorités, malgré les démarches répétées entreprises au fil des années.

Charles Kagiraneza, âgé de 69 ans et résident du Secteur de Mukamira, en est l’un des visages les plus marquants. En raison de problèmes de santé, il est cloué dans un fauteuil roulant depuis plus de dix ans. Il explique avoir travaillé comme enseignant sans jamais avoir été rémunéré. Le montant qu’il réclame s’élève à 602 000 francs rwandais.

Il annonce :« J’ai été enseignant ici à Nyabihu. En 2005, nous avons travaillé toute l’année sans toucher de salaire. Aujourd’hui, je suis malade, sans moyens pour me faire soigner ni pour me rendre à l’hôpital. Si je recevais cet argent, cela changerait ma vie au quotidien. »

Selon Kagiraneza, 81 personnes seraient dans la même situation, toutes d’anciens professionnels de l’éducation abandonnés à leur sort.

Athanase Mikwege, ancien Directeur d’école, partage lui aussi le sentiment d’abandon. Il raconte que depuis 20 ans, ils reçoivent des promesses qui ne sont jamais suivies d’effets.

Il raconte :« Nous avons même écrit à l’Ombudsman, qui a demandé au district de nous verser nos dus. Mais rien n’a été fait. À chaque visite d’un haut responsable, lorsqu’on tente d’aborder le sujet, on nous demande de nous taire, avec la promesse que cela sera bientôt résolu. Deux mandats de dirigeants se sont succédé, et toujours rien. »

Il affirme qu’on lui doit 1 013 800 francs rwandais et demande que ses droits soient respectés.

Interpellée sur la question, la Mairesse du District de Nyabihu, Antoinette Mukandayisenga, a reconnu ne pas être informée de ce dossier, mais a promis de s’y pencher rapidement

Elle annonce :« Ce problème m’était inconnu, mais je vais immédiatement m’y intéresser. Quand il apparaît qu’un citoyen n’a pas été payé pour un travail effectué, il est de notre devoir de rectifier cela. Si des raisons ont causé ce retard, nous devons les examiner de près. Une fois les dossiers étudiés, je me réunirai avec mes collègues pour voir comment procéder au paiement. »

Ces anciens enseignants, aujourd’hui à la retraite et pour la plupart en situation de précarité, appellent les autorités compétentes tant au niveau du district qu’au sein des ministères de la Fonction publique et de l’Éducation à respecter leurs engagements.

Ils estiment que ces arriérés constituent un droit fondamental, fruit de leur travail, et non une faveur. Alors qu’ils touchent une pension modeste, ils espèrent enfin bénéficier de ce qui leur revient, afin de vivre leurs dernières années dans la dignité.