Musanze : Gashaki : Faute de soins dentaires, des habitants se tournent vers des traitements illégaux

Certains habitants du Secteur de Gashaki, dans le district de Musanze, affirment avoir perdu espoir d’accéder aux services de soins dentaires au centre de santé local, les poussant à se faire soigner illégalement auprès de personnes non qualifiées, utilisant du matériel sale et inadéquat.

Selon ces habitants, certaines personnes opérant clandestinement dans la région extraient les dents à l’aide d’outils servant normalement à réparer des véhicules, notamment des pinces mécaniques, ce qui entraîne des dommages graves comme des infections ou des lésions prolongées dans la bouche.

Un des résidents de Gashaki a témoigné de son expérience malheureuse après s’être fait extraire une dent dans un de ces endroits clandestins.

Il raconte :« Lorsque j’avais mal aux dents, je suis allé dans un endroit clandestin où plusieurs personnes utilisaient le même outil, probablement une pince. J’avais peur d’attraper une maladie, mais la douleur était insupportable. On m’a arraché la dent sans anesthésie ni médicament. J’ai eu des plaies dans la bouche pendant deux mois. Nous avons besoin d’un dentiste. »

Uwamariya Consolée (nom d’emprunt), une autre habitante de Gashaki, explique que les longues distances pour accéder aux soins et l’intensité de la douleur incitent certains à choisir les soins illégaux, malgré les risques sanitaires élevés.

Elle annonce :« Dans ces endroits, il n’y a pas de matériel adapté. Un même outil peut servir à traiter dix personnes. Ces cliniques clandestines sont souvent surchargées, opérant même à 2 heures du matin. Il n’y a aucune hygiène, on craint des infections comme le VIH ou des maladies transmissibles. Il serait préférable qu’un service dentaire soit installé près de chez nous. »

Le secrétaire exécutif du secteur de Gashaki, Nsengimana Aimable, confirme que le problème est bien connu et qu’il a déjà été soumis aux autorités compétentes.
Il précise :« L’absence de services dentaires au centre de santé de Gashaki est un problème que nous avons déjà signalé au district. Ce dernier a engagé des discussions avec le Ministère de la Santé. En attendant, nous demandons à la population d’éviter les soins clandestins et de se rendre dans les centres de santé voisins qui offrent ces services.»

Le directeur de l’hôpital de Ruhengeri, Dr. Muhire Philibert, reconnaît également ce manque de services dentaires dans certaines zones du district, mais rassure qu’une solution est en cours.

Il declare :« Nous avons discuté avec le Rwanda Biomedical Center (RBC). Bientôt, des équipements spécifiques seront envoyés, notamment les fauteuils dentaires indispensables pour les interventions. Ce n’est pas seulement le centre de Gashaki qui est concerné ; d’autres attendent aussi ces équipements. »

Les professionnels de la santé mettent en garde contre les conséquences des soins reçus dans des conditions non réglementées et insalubres. Ils soulignent le risque d’infections transmissibles par le sang, comme le VIH, l’hépatite B et C, ainsi que de graves complications buccales dues à des traitements inappropriés.

Dans le district de Musanze, on recense 17 centres de santé, mais seulement 7 disposent de services dentaires fonctionnels.