Masisi : Les éleveurs dénoncent les pertes infligées par les groupes armés
La guerre qui dure depuis de nombreuses années dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), continue de laisser de profondes cicatrices parmi la population.
Les éleveurs du territoire de Masisi sont particulièrement touchés après que des groupes armés tels que les FDLR, Nyatura et Mai-Mai ont pillé de nombreux troupeaux, tué certains animaux et consommé d’autres. Aujourd’hui, ils demandent un soutien pour pouvoir reprendre l’élevage.
Masisi est l’un des territoires du Nord-Kivu, dont le chef-lieu est Goma. Cette région possède une longue tradition pastorale, les vaches représentant une source essentielle de revenus et de subsistance pour ses habitants.
Situé à l’ouest de la province, près du district de Rubavu à la frontière avec le Rwanda, le territoire offre un sol favorable à l’élevage, qui reste très prisé malgré l’insécurité croissante.
Les éleveurs expliquent que la perte de leurs vaches, qu’elles soient volées, pillées ou tuées, a fortement affecté leur vie quotidienne, car leur subsistance en dépendait.
Kambale Safari, l’un des éleveurs de Rubaya, raconte qu’il a perdu 42 vaches qu’il élevait depuis plus de dix ans
Il annonce :« Ces vaches étaient toute ma vie, elles finançaient l’école et nourrissaient ma famille. Mais lorsque la guerre a repris, les combattants Mai-Mai, FDLR et Nyatura sont venus, tuant certaines vaches, consommant d’autres et emportant le reste. Ma vie et celle de ma famille sont devenues très difficiles. »
Jusqu’à présent, les vaches ont été sauvées grâce à l’intervention du M23.
Mupenzi Bahati, 47 ans, précise que ses 28 vaches ont été volées par les Nyatura après qu’ils l’ont frappé et laissé pour mort
Il annonce :« Ils nous ont causé de graves problèmes, à moi et ma famille. Avant de prendre mes vaches, ils ont tué deux bergers sur mon terrain. Nous espérons recevoir de l’aide pour reconstruire notre troupeau. »
Neema Sophie, une veuve de 63 ans, explique que depuis que ses vaches ont été pillées, elle n’a plus de lait frais et doit parcourir de longues distances pour s’en procurer
Elle raconte :« Avant l’arrivée des FDLR et Nyatura dans notre région, j’avais 25 vaches qui me fournissaient lait et fumier. Aujourd’hui, je parcours de longues distances pour acheter du lait, et je manque de ressources financières, car mes biens ont été pillés. Nous espérons que des bienfaiteurs nous aideront à recommencer l’élevage. »
Neema souligne également que les prix ont fortement augmenté « Au marché de Mushaki, un litre de lait coûte maintenant 7 000 francs congolais au lieu de 2 500, le kilo de viande est passé de 5 000 à 15 000, et une vache coûte 450 dollars contre 250 auparavant. Sans au moins 1,3 million de francs congolais, il est impossible de se procurer une vache pour l’élevage. C’est un problème majeur. »
Mutotonatabu Sylivestre, explique que depuis que le M23 contrôle la région, les habitants disent se sentir plus en sécurité :
Il raconte :« Depuis que le M23 est arrivé et a repoussé les groupes armés comme les FDLR, Mai-Mai et Nyatura, nous dormons en paix. Les vaches restantes sont là grâce à leur présence. Nous espérons qu’ils nous aideront à relancer notre élevage, »
Le Gouverneur du Nord-Kivu, Bahati Musangwa Erasto, Représentant du M23, indique que la situation est connue et qu’ils comptent relancer les associations d’éleveurs et d’agriculteurs :
Il declare :« Nous savons que les Mai-Mai, FDLR et Nyatura et tant d’autres ont volé et tué le bétail, causant de graves pertes. Nous continuons de garantir la sécurité et relançons des associations comme l’ACOGENOK pour soutenir l’élevage. »
Selon l’ACOGENOK (Association de Coopératives et Groupements d’Éleveurs du Nord-Kivu), plus de 7 800 vaches ont été volées ou tuées par des groupes armés dans le territoire de Masisi. Parmi les 4 500 éleveurs recensés, environ 1 200 ont perdu la totalité de leur troupeau.
La population de Masisi, estimée à 27 000 habitants, dont beaucoup avaient été déplacés vers le camp de Mugunga en 2021, est revenue en février 2025 après que certaines zones ont été reprises par l’AFC/M23. Malgré la paix fragile, les familles tentent de reconstruire leur vie après des années de conflit.