ActualitéPolitique

À 21 ans, Rebecca porte 6 ans de guerre et de regrets

À seulement 21 ans, Uwajeneza Rebecca porte déjà un lourd fardeau. Cette jeune femme originaire de Busasamana, dans le District de Rubavu, revient du maquis Congolais avec un récit douloureux : celui d’une adolescence volée, d’un engagement forcé dans un groupe armé, et d’une vie marquée par la violence et le deuil.

Elle avait 15 ans lorsqu’elle est partie en RDC en quête de travail comme porteuse de pommes de terre. Mais rapidement capturée dans la brousse, elle est enrôlée de force par des rebelles.

Elle raconte« Je n’avais aucun moyen de m’échapper. Ils m’ont dit que je devais me battre. J’ai appris à tirer en trois jours. À 16 ans, j’ai tué ma première personne, et cela ne m’a jamais quittée. »

Après avoir fui un premier groupe (FDLR), elle est rattrapée par les Wazalendo, où elle passera 6 années comme garde rapprochée du commandant Mbokani Kimanuka Grace. Elle y atteindra le grade de capitaine.

« Nous étions conditionnés à haïr, à tuer, à piller. On nous apprenait que l’ennemi, c’était le Tutsi. Pourtant, beaucoup d’entre nous n’avaient jamais mis les pieds au Rwanda. Nous avons tué plus de 200 personnes. C’est un fardeau que je porte seule maintenant. »

Rebecca devient veuve à 19 ans. Son époux, lui aussi combattant, est tué par les dirigeants du groupe après avoir annoncé son intention de rentrer au Rwanda.

Elle raconte« J’ai un enfant. Je n’ai rien gagné de cette vie, sauf des cicatrices psychologiques. Pendant ce temps, mes camarades d’enfance sont à l’université. Moi, je survis. Je demande aux jeunes Rwandais de ne jamais se laisser séduire par ces mensonges. Rien ne vaut la Paix. »

Valérie Nyirahabineza, Présidente de la Commission Nationale de Démobilisation et de Réintégration , souligne que de nombreux jeunes sont recrutés à travers des mensonges ou la pauvreté.

Elle raconte« Certains sont attirés par de fausses promesses d’emploi. D’autres, poussés par la misère. C’est pourquoi le Rwanda leur offre une seconde chance. Nous leur enseignons des métiers, les accompagnons dans leur réintégration, et les encourageons à devenir des ambassadeurs de la paix. »

Elle appelle aussi à la vigilance dans certaines régions frontalières comme Rubavu, Nyabihu et Rutsiro, où les groupes rebelles tentent de recruter des jeunes vulnérables.

Maintenant Rebecca se sent bien avec Dirideant Rwandais

Au terme de la 74ᵉ vague de démobilisation, 170 ex-combattants ont été réintégrés, dont 128 originaires de l’Ouest du Rwanda. Leur histoire, celle de Rebecca en particulier, est un appel vibrant à la paix et à l’unité.

« Grandir dans un pays en paix, dirigé par des lois et où les droits humains sont respectés, est un privilège. J’ai perdu cette chance. J’espère que d’autres ne la perdront pas. »raconte-t-elle

L’histoire d’Uwajeneza Rebecca doit servir de leçon. La guerre détruit, trompe, et laisse des blessures invisibles. Le Rwanda offre une alternative : la reconstruction, la dignité, la vie.