Gicumbi : « De la rébellion à la réussite : comment Shimirwa a changé sa vie »
Shimirwa Palemon, 29 ans, originaire de Rubaya dans le secteur de Muguramo, est un exemple vivant de résilience. Après avoir abandonné ses études universitaires par manque de moyens, il devient guetteur pour des trafiquants de Kanyanga, une boisson illicite. Aujourd’hui, il est entrepreneur, modèle pour sa communauté et promoteur de la bonne gouvernance.
« La vie était dure, j’ai accepté de devenir éclaireur pour survivre, puisque je n’avais plus d’espoir de poursuivre mes études. »
Shimirwa, qui avait excellé dans les langues au secondaire, avait été admis à l’Université de Butare. Cependant, il apprend qu’il ne sera pas parrainé à cause de sa catégorie sociale (Ubudehe 3), ce qui met fin à son rêve d’études.
« Je suis retourné chez moi, sans activité, à jouer à des jeux de hasard et à boire de la Kanyanga. »
Il devient alors un informateur pour les trafiquants, repérant les patrouilles de sécurité et les alertant en échange d’argent.
« On me payait 1 500 francs pour chaque passage sécurisé. Parfois, je gagnais jusqu’à 20 000 francs par jour, mais cela ne m’a rien construit. »
Reconnaissant son potentiel de changement, les autorités l’envoient suivre une formation en menuiserie à TSS Rubaya, avec un per diem de 2 500 francs par jour.
« J’ai appris à épargner et à investir même les petits gains. J’ai acheté une scie à 300 000 francs, et plus tard, la SACCO m’a accordé un prêt de 2 millions pour agrandir mon atelier.» raconte-t-il
Aujourd’hui, Shimirwa emploie quatre hommes et gagne 230 000 francs par mois après paiement des salaires, taxes et frais d’exploitation.
Il dit :« J’ai compris que l’honnêteté ouvre des portes. Là où j’étais un éclaireur du mal, je suis devenu source d’espoir. »
L’un d’eux, ancien contrebandier également, partage :« Il nous encadre avec patience, nous forme, et cherche à comprendre quand quelque chose ne va pas. Moi aussi, je venais du commerce illégal, mais il m’a encouragé à croire en mon avenir. Maintenant, j’apprends un métier et grâce à mon salaire, j’ai pu acheter 8 porcs. »
Un autre employé ajoute :« Travailler avec Shimirwa a changé notre façon de penser. Nous rêvons d’ouvrir un centre de formation professionnelle pour former d’autres jeunes comme nous. Il a allumé une lumière en nous. »
Les Jeunnes travaillant avec Palemon gagnent l’argent
Shimirwa exhorte les jeunes à éviter la facilité et les raccourcis dangereux :« Quand on commence à aimer l’argent facile, on commence à se détruire lentement. Le savoir, l’intégrité et la culture de l’épargne sont les piliers d’une vie stable. Personne ne prospère en trichant ou en exploitant les autres. »
Il remercie l’État et les autorités locales pour lui avoir offert une seconde chance.« Avant, les gens me rejetaient. Aujourd’hui, ils viennent me demander conseil. J’ai tiré des leçons de mon passé, et je continuerai à être un modèle positif. »
Dans tout le District de Gicumbi, seulement 36,9 % des jeunes de 16 à 30 ans ont un emploi, avec un chômage plus élevé chez les femmes (41,2 %) que chez les hommes (32,9 %). Ces chiffres soulignent l’urgence de promouvoir les métiers professionnels comme solution durable.