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Kigali Wholesale Market : Une solution durable à la perte des récoltes de légumes dans le Nord du Rwanda

Par : NGABOYABAHIZI Protais

Pendant de nombreuses années, les agriculteurs de légumes et de fruits dans la province du Nord du Rwanda ont subi des pertes importantes à cause du manque de marchés et d’infrastructures de stockage appropriées.

Aujourd’hui, ils se disent optimistes face à la construction d’un marché de gros moderne à Masoro, dans la Ville de Kigali, qui devrait transformer leur agriculture en une activité commerciale rentable.

Alice Mukandaga, membre de la coopérative Hagurukana Umwete dans le district de Musanze, explique comment les surplus de production sans acheteurs ont causé des pertes considérables.

« Les légumes sont des denrées périssables. Deux à trois jours après la récolte, ils n’ont plus de valeur marchande. Sans chambres froides ou lieux de stockage modernes, nous avons perdu nos récoltes année après année. »

Même son de cloche chez Jean de Dieu Nsengimana, agriculteur dans le district de Gakenke :

« Nous produisons en abondance, mais sans plan de commercialisation clair. On récolte, mais on n’a pas de marché. Cela nous conduit à des pertes sérieuses malgré nos efforts. »

Le projet Kungahara, mis en œuvre par Kilimo Trust avec le soutien de l’Union Européenne (UE), vise à promouvoir les chaînes de valeur agricoles, notamment pour les fruits, les légumes et les pommes de terre.

Eddy Frank Rugamba, l’un des responsables du projet, affirme que la situation actuelle nécessite une transformation structurelle :

« Les données montrent qu’environ 30 % des récoltes de légumes et de fruits se perdaient avant même d’atteindre le marché. Ce gaspillage est dû à un maillon faible dans la chaîne de valeur. Nous voulons une solution durable. »

Le Gouverneur de la Province du Nord, Maurice Mugabowagahunde, affirme que le marché de gros de Kigali (Kigali Wholesale Market) est la réponse tant attendue par les agriculteurs.

« Ce marché facilitera la circulation de l’information. Par exemple, si Musanze produit une grande quantité d’oignons, et que Ngoma ou Kirehe en ont besoin, nous pourrons réagir à temps. Cela évitera que les produits ne se perdent dans les champs. »

Le gouverneur et d’autres responsables ont rendu visite aux cultivateurs de légumes.

Le marché, en cours de construction à Masoro, coûtera 46 millions d’euros (environ 65 milliards de francs rwandais). Il pourra traiter entre 260 000 et 350 000 tonnes de produits agricoles par an, soit environ 70 % de la consommation de légumes et de fruits de la capitale.

Ce centre logistique sera équipé de chambres froides, de systèmes de transport modernes, et d’une technologie de gestion de la qualité.

Emmanuel Kayitana, Directeur de FXB Rwanda, insiste sur l’importance d’unir production et accès au marché :

« Il arrivait que des carottes mûrissent à Nyabihu, sans aucun acheteur. Désormais, chaque produit agricole aura un débouché, à temps et à un prix juste. »

Christophe Ayabagabo, en charge du projet Kungahara dans les districts de Musanze et Nyabihu, appelle les agriculteurs à la mutualisation :

« Travailler individuellement les met en danger. En coopérative, ils peuvent signer des contrats avec le marché de gros, fixer les prix et planifier la production en fonction de la demande. »

Le Kigali Wholesale Market marque une nouvelle ère pour les agriculteurs rwandais, particulièrement dans le Nord du pays. Grâce à une meilleure planification, des technologies de conservation et des marchés garantis, les pertes post-récolte pourraient bientôt n’être plus qu’un mauvais souvenir.

“Nous ne voulons plus perdre ce que nous avons cultivé avec tant d’effort. Aujourd’hui, nous cultivons en regardant le marché, pas seulement nos champs.”